Virginité et études... Le problème est dans l'utérus (ou son col)

Vous me direz que c'est récurrent comme thème, mais le sexisme a le don de m'agacer profondément. Comme toute autre forme de discrimination pour tout vous avouer. Mais étant une femme, blanche, jeune, hétérosexuelle, et pas trop pauvre, j'ai le lâche problème d'être un peu plus touchée et énervée sur ces sujets, que sur d'autres formes de discriminations tout aussi insupportables mais sur lesquelles je ne perçois pas forcément toutes les subtilités et nuances. 

Donc, revenons à nos moutons. Qu'appris-je ce jour en déroulant mon fil Twitter? Qu'une municipalité sud-africaine offre des bourses à de jeunes filles voulant poursuivre leurs études, à la condition sine qua non (latinus maximus) que celles-ci soient vierges. Ce qu'évidemment, les féministes ont dénoncé en disant que c'était positivement choquant (j'espère par ailleurs que les féministes ne sont pas les seules à trouver cela choquant). D'autant que lorsque l'on sait que cette bourse porte le doux nom de Bourse des vierges, cela me fait doucement rigoler. Et lorsqu'il est question de bourses, la virginité s'apprête en général à passer un mauvais quart d'heure. 

Les jeunes filles doivent donc avoir obtenu d'excellents résultats et être vierges, ce qui constitue donc une nouvelle catégorie de bourses (après les pendantes et les masculines), décidée par la mairesse, qui on l'espère, en a déjà vues, des bourses (Oui je sais mais je ne m'en lasse pas...). 

Au prétexte que, une jeune fille pure, peut se concentrer sur ses études, au lieu de forniquer à tout va, comme les sales pécheresses qu'elles sont. Car il est bien évident qu'elles font ça en solo, et que tout jeune homme qui fornique n'a absolument pas de problèmes de concentration. Les pauvrettes, il faut les comprendre, c'est pas facile de faire l'amour en récitant ses tables de multiplications (mon expérience prouve largement que si, on peut même se mettre aux racines carrées !)

A chaque retour de vacances, les jeunes filles seront amenées à la visite médicale, et toute personne ayant perdu sa virginité verra sa bourse lui être retirée. Et si elles ont un accident? Et si elle se font violer? Non parce qu'on parle quand même d'un pays où un rapport de l'ONU a établi qu'une femme a plus de chance d'être violée que d'apprendre à lire, et où 500 000 viols de femmes ont lieu chaque année, et où un quart des garçons de Soweto ont déclaré qu'une tournant était amusante... Joie et bonheur à tous les étages... Et pim, double peine ! Faut quand même pas croire qu'elles vont être autorisées à étudier après un viol! Oh mais qu'est-ce qu'on s'amuse!

Et je ne parle même pas de ce doux examen qui consiste à se faire mettre la main dans le vagin pour qu'un docteur incorruptible et absolument pas tenté de faire chanter ses patientes sur le sujet, qu'elles soient vierges ou pas. O douceur, O joie, je me demande pourquoi je n'y ai pas pensé avant... Et si (je lance une idée comme ça) on proposait un toucher rectal à tous les hommes pour vérifier qu'ils n'ont pas fait de folies avec leur derrière pendant les vacances? 

Oh, et ai-je précisé qu'une croyance largement répandue dans le pays consiste à penser que coucher avec une vierge guérit le SIDA? Ce qui a notamment fait exploser le nombre de viols infantils. Bienvenue dans le pays où tout est rose (bonbon comme on parle de filles)! Allez, vous reprendrez bien une petite infection avec tout ça... 

Et pour se faire plaisir, se détendre, et rester dans la culture locale, un super groupe Sud Africain, Die Antwoord

Sources; AFP, France 24, 20 minutes, IRIN, Wikipédia