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CLACs

29 octobre 2016

Wayuu, pas wayouuu

"En Colombie, les enfants wayuu meurent de faim"... Je consultais négligemment mon fil twitter lorsque ce titre m'a interpellée. Non pas parce que des gens meurent de faim, jusque là, tout me parait normal, on laisse toujours mourir quelqu'un de faim sur une partie du globe dans l'indifférence générale. C'est la précision qui m'a sauté aux yeux... les enfants... Dans les cas où des petits meurent de faim, les adultes sont rarement en train de se faire un banquet en dansant la farandole. En général, sans être spécialiste de la question, ce n'est qu'un des symptômes, aussi révoltants soient-ils, d'une situation dramatique. La source de cet article étant Le Monde, on peut supposer qu'ils ne donnent pas dans le misérabilisme le plus trash. Voyons donc ce qu'il arrive à ces pauvres Wayuu dont les enfants meurent de faim.

Wayúu Alejandro Bedoya Trujillo Flickr

L'histoire se passe en Colombie (c'était dans le titre de l'article). Comme c'était la première fois que j'entendais parler des Wayuu, je suis allée me renseigner. Pas dans l'encyclopédie en 23 volumes de Larousse mais sur cet espace merveilleux qu'est Internet. Les Wayuu sont un peuple amérindien répartis sur le Vénézuela et la Colombie avec environ 500 000 membres. Cette communauté vit dans des terres assez reculées, mais surtout, plein de cette richesse inestimable qu'est le charbon. Et c'est là que commencent les ennuis pour eux. Car qui dit charbon, dit mine et dit besoin en eau pour l'exploiter, celui devant avant être nettoyé avant d'être vendu (ceci ne sera pas un traité sur l'exploitation du charbon). Sauf que pas de bol, les autorités ont privatisé la rivière qui arrosaient leurs terres pour donc, nettoyer cette richesse minière, et aussi pour l'agriculture intensive. Ils ont du rater le fait que quelques milliers de personnes en dépendaient pour leur survie. C'est quand même pas de chance de ne pas les avoir vus. Peut-être les Wayuu ont-ils développé des capacités de camouflage hors norme... Une sorte de caméléon de Colombie . Les gars se sont dit : hé, y'a personne, ramène l'eau Thierry!

Et puis, en même temps, ils cherchent un peu les indiens Wayuu, ils ne recensent pas tous leurs enfants, ou les enterrent sans les signaler, ce qui fait que quand ils tirent la sonnette d'alarme sur ceux qui meurent de faim, portent plainte, font des pétitions, les chiffres ne sont pas si alarmants... Comme quoi, remplir la paperasse, ce n'est jamais du temps perdu. 64 enfants sont donc morts de faim depuis janvier 2016, et cela fait quelques années que ça dure.

A cela, on peut rajouter un phénomène El Nino à décorner les boeufs en 2016 (noooon, le climat ne change pas, voyons voyons), qui a pour conséquence... la sécheresse. Donc plus de cultures, de pastèque, de millet, ou autre maïs, plus d'animaux non plus (ils sont eux aussi morts de soifs, les puits étant asséchés). Pour pallier à cette situation, le gouvernement fait passer un camion citerne de 7000 litres tous les trois mois, soit 70 litres d'eau par personne. Pour 3 mois. A titre de comparaison, nous sommes en France à 145 litres/jour. Un américain tourne en moyenne autour de 600 litres d'eau. Par jour. Fin de la démonstration.

En dehors de cette distribution municipale, ils peuvent aussi acheter de l'eau. A raison de 12 euros les 1000 litres d'eau. Ce qui représente une somme non négligeable pour des familles qui ne gagnent que quelques euros par jour.

(c)Melissa Restrepo Arturo

Donc effectivement, les enfants Wayuu meurent de dénutrition et de faim. Depuis quelques années... Et de la pollution de l'eau. Car croyez-le ou non, l'eau de la rivière et du barage se pollue en étant utilisée pour le nettoyage du charbon. 5000 enfants en seraient morts. En même temps, quand on pense aux quelques milliards qui vont se retrouver dans les poches des dirigeeants de Glencore et BHP Billiton, qui gèrent la mine, il est vrai que cela fait hésiter...

Sources: leMonde.fr; Planetoscope; Manicore; wikipédia; actulatino

http://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2016/10/27/en-colombie-les-enfants-wayuu-meurent-de-faim_5021206_3222.html

 

 

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18 août 2016

Pendant ce temps... en Egypte

Tout d'abord, une petite excuse pour ce si long silence, qui s'explique notamment par l'existence de cette petite manifestation que l'on appelle les Jeux Olympiques. Mais dans ce climat de fête (hum hum), et de dépassement de soi, une nouvelle est tombée il y a deux jours, mise au jour par le New York Times : huit présentatrices de télévision égyptiennes ont été suspendues, pas pour manque de compétences, pas pour des propos injurieux, mais parce qu'elles auraient un petit embonpoint. Le titre de Slate Afrique est sur ce point pour le moins évocateur: "Les présentatrices égyptiennes trop grosses pour travailler". 

Ces huit femmes sont donc priées de rentrer chez elles, partir en vacances, faire du sport, se détendre et revenir avec une apparence "appropriée". Vous l'aurez compris, être en surpoids (quand on est une femme), ça n'est pas très très approprié. Le contenu ne compte pas, le professionnalisme ne compte pas, seul compte votre tour de taille.

Il est à déplorer, une fois de plus, que cet épisode répende cette idée qu'être gros, ou enveloppé, ou obèse, ou tout simplement non conformes à l'uniformisation des physiques minces, blancs et grands, enlève toute valeur à une personne. Seuls leurs kilos que certains jugent superflus comptent alors. Merci de laisser votre cerveau au placard, vous n'êtes plus qu'un tas de cellules physique. Merci d'enterrer vos sentiments, vos émotions et votre coeur dans un trou, vous méritez d'être discriminés. Le surpoids devient donc officiellement un dédouanement au plus basique des respects. 

Mon cerveau pervers et pour le moins féministe m'a aussi poussé à faire une petite recherche sur un moteur de recherche que je ne nommerai pas. En tapant "présentateur égyptien", rubrique image, voici les résultats. Nous ne sommes pas réellement dans la catégorie "bel éphèbe sexy". Et pourtant, on ne leur demande pas de se faire implanter des cheveux, d'aller à la muscu, et de raser ce bouc ridicule.

Sans titre

Pour aller plus loin, on peut se rappeler de Maggie De Block, ministre de la santé belge et obèse, dont le surpoids avait été mis dans la balance quand il s'agissait d'interroger sa compétence. Pas sa connaissance de ses dossiers, ni son intégrité, qui, comme on le sait, sont bien moins important que des kilos à ce genre de poste!

http://www.francetvinfo.fr/monde/egypte/huit-presentatrice-egyptiennes-privees-d-antenne-et-forcees-de-suivre-un-regime_1594727.html

2 juillet 2016

La solution pour le chômage

chamelière ErythréenneVoilà un problème qui pose bien des soucis à tous les dirigeants du monde, ou presque. Comment faire en sorte de faire baisser le chômage pour que chacun se sente bien/mieux, ait un (plus) fort pouvoir d'achat et donc fasse grossir l'économie ? Faire des cadeaux fiscaux de plusieurs milliards d'euros à des entreprises en échange de promesses d'embauches qu'elles n'ont aucune intention de tenir? Déstructurer le code du travail pour encore pressurer les employés en échange d'éventuelles facilités d'embauches que les patrons ne vont absolument pas utiliser? Damn, non, la France a encore de quoi progresser... Mais il y a un pays (notamment) qui a résolu ce problème, en même temps que d'éventuels soucis de sécurité : l'Erythrée.

Dans ce pays de la corne de l'Afrique, c'est service militaire obligatoire... à vie, ou presque. Après 30 ans de conflits avec son voisin éthiopien pour acquérir  son indépendance, le Président Dictateur Général, Issayas Afeworki, s'est installé tranquillement à la tête du pays, en 1993. Soit il y a 23 ans. Pour éviter d'être trop embêté - ce qui se comprend, personne n'a envie qu'on lui rappelle que l'on est qu'un boucher sanguinaire - il enferme les journalistes, les opposants politiques, sans procès évidemment, recrute des enfants soldats histoire de se faire la main sur les endoctrinements, et a donc imposé ce merveilleux système obligeant chaque homme et femme de la population à devenir soldat(e). Sous peine de prison, torture, ou encore exécution sommaire. On ne va pas s'embêter avec des personnes de mauvaise volonté tout de même! Alors bien sûr, les témoins de Jéhovah, qui refusent de fait la circonscription, ont la quasi certitude de mourir dès l'âge de 18 ans. Parfois 15, pour les enrôlements forcés les plus précoces. Les seuls dispensés sont les aveugles, et ceux à qui ils manquent l'index (pour tirer sur la gâchette, c'est en effet un problème).

Cet enrôlement dure un an et demi, mais est renouvelable à l'envi. De l'armée, pas du soldat, entendons-nous bien. Pour un salaire de 40 à 50 euros par mois, chaque personne est donc envoyée d'un bout à l'autre du pays. Le regroupement familial, très peu pour eux. Mais l'armée dans un pays en relative paix n'a qu'un intérêt très limité. Exception faite des défilés pour impressionner les voisins. La plupart des soldats sont donc affectés à des tâches civiles. Untel devient paysan, unetelle est affectée à la construction d'une route, ce qu'on pourrait appeler du travail forcé. Ca a ses avantages : le système de voirie ne coûte pas très cher à entretenir.

413734911_474a06f4d9_mIl va de soi que personne ne remplit de formulaire avec ses voeux d'orientation, que la violence, notamment sexuelle, fait partie de leur quotidien, et que ce destin ne tente pas particulièrement les jeunes Erythréens. Ils sont donc des milliers chaque mois, souvent mineurs, à fuire leur pays, souvent à pied, pour essayer de trouver chez leurs voisins, ou plus loin, des conditions de vie qui ne soient pas aussi misérables. Ils se retrouvent souvent aux portes de l'Europe, victimes de passeurs, ou noyés dans la mer Méditerrannée. Mais chaque personne fuyant le pays, s'il ne revient pas avant ses 40 ans, est enfermé jusqu'à ses 50 ans, et se voit retirer tous ses droits civiques. C'est donc un voyage sans retour...

Peut-être de quoi reconsidérer le regard porté sur les réfugiés?

 

Sources: le monde.fr; refwolrd.fr; francetv. fr; humanrightwatch, Amnesty International; wikipedia Photo : (c) Fever free Erythrée

 

10 juin 2016

Les survivants...

Ce week-end a eu lieu à Paris une manifestation anti-IVG. Jusque là, rien que de très normal, on trouve des rétrogrades et des imbéciles partout, et de temps en temps, ils manifestent, droit chèrement acquis dans l'acquisition du processus démocratique. Aujourd'hui, en France, on a le droit de crier de grosses conneries dans la rue, sauf si c'est contre la loi travail, là, on devient des terroristes. Il faut bien faire la différence de sémantique, c'est important! La petite particularité de ces manifestants, pour une manifestation anti-IVG, était leur âge. Ils avaient l'air d'avoir entre 18 et 25 ans, des filles, beaucoup de filles, et quelques membres masculins (les personnes, pas les pénis, merci), présents pour assurer... le service d'ordre. Cette génération n'a donc pas connu les débats à l'assemblée, et surtout, la période ou l'avortement était illégal, et ses douceurs. Bains de sang, infections, septicémie, hémorragies, stérilité voire décès. Ce qui correspond à environ 50 % des avortements dans le monde, et est la réalité pour un certain nombre de femmes à qui on ne demande pas leur avis. Car oui, chez manifestants, croyez-le ou non, le fait d'interdire les avortements, par la loi, n'empêche PAS les avortements. Ca les rends juste plus difficiles à supporter pour tout le monde...

Et ces braves jeunes gens, qui n'ont que ça à faire d'aller manifester pour retirer à la moitié de la population un droit parfaitement légitime après quelques millions d'années de fécondité à tout va et de perpétuation obligatoire de l'espèce humaine, ont été filmés par les caméras du Petit Journal. Et interviewés. Et là, c'est le drame. Autant vous le dire tout de suite, il n'y a aucun argument qui ne me convaincra jamais de décider pour son voisin de la vie qu'il doit mener. Mais là, on n'est quand même sur du grand n'importe quoi. 

Déjà, reprenons le nom : ils se font appeler "Les survivants". (D'où le titre de l'article héhé). En effet, ils considèrent qu'ils sont les exceptions dans un monde d'avortements normalisés. Je cite la description d'un blog dont la seule lecture m'a grillé la rétine :  

« Les Survivants » est un mouvement activiste non-violent qui rassemble des jeunes, nés après la loi Veil de 1975, autour d’une même souffrance, celle de se sentir comme des « rescapés de l’avortement », face à la planification froide des naissances et aux souffrances et injustices provoquées par l’avortement.

Rescapés de l'avortement : les survivants de conflits, d'attentats, ou d'épidémies de peste noire ou d'ebola apprécieront la comparaison. Ensuite, parler de planification froide des naissances et d'avortement est assez paradoxal. Parce que franchement, je ne connais aucune femme qui, froidement, tombe enceinte pour se faire avorter. Ce serait vraiment se donner beaucoup de mal pour pas grand chose. Et puis le trou de la sécu, elles y pensent aussi! Quant aux souffrances et injustices provoquées par l'avortement... Qui souffre exactement? Mis à part la femme qui doit subir l'intervention, et éventuellement le géniteur ? Je sanglotte intérieurement, je soupire, je pleure...

Et puis bon, les embryons n'ont jamais porté plainte. Peut-être pour désengorger les tribunaux. C'est beau cette conscience sociale et ce sacrifice quand on subit une telle injustice.

Je suis aussi allée sur leur site internet, histoire de voir. Nous sommes accueillis comme ça : "Les survivants: rejoins la tribu qui lutte pour la vie". Alors, pour lutter pour la vie, je leur propose quelques pistes... La famine et la malnutrition, les guerres (au choix, la Syrie, c'est une belle destination de lutte pour la vie, ou le Yemen...), la survie des animaux et de la nature. On peut aussi trouver, le cancer, le SIDA, ou toute autre maladie mortelle, il n'y a que l'embarras du choix. Ou encore la répartition de l'eau potable sur la Terre, ou du pastis, pour l'accompagner. Là on est sur du vrai combat pour la vie!

Et quand on les écoute parler, on touche le fond. Ces pauvres petites se sentent personnellement atteintes par les décisions des autres, ce qu'elles appellent le syndrome du survivant. Et parce que c'est très sérieux, leur discours s'appuie sur des "études". Sur leur site, pour expliquer cette théorie, on peut lire ceci :

"Un survivant est un rescapé de la terrible loterie qui s’exerce depuis plusieurs années sur les enfants futurs nés." Alors pareil, je ne suis pas spécialiste de la question, mais le terme loterie implique l'idée de hasard. En général, l'avortement et la contraception ne sont pas réellement le fruit du hasard... Une femme qui souhaite avorter y réfléchit un peu. C'est pas réellement ho bah ça alors, pas fait exprès, je suis tombée sur un hopital, comme ça ! Et le parcours d'avortement est aussi loin d'être simple. Donc pour résumer, cette phrase n'a aucun sens.

Mais tout de même, ces gens ressentent un manque. De ceux qui sont avortés. Il faut les comprendre aussi, ce sont des petites choses fragiles qui sont vraiment connectés au monde et donc concernés par tout un tas de décision qui ne les regardent en rien. Finalement, c'est beau cet altruisme... L'autre hypothèse plausible étant qu'ils ont abusé des champignons hallucinogènes et sont restés coincés dans la 5e dimension. 

Auparavant, les opposants à l'IVG avaient des messages forts du style : C'est pas bien, ça se fait pas. Maintenant, avec l'évolution du discours, les femmes qui avortent leur font du mal à eux. Qu'importe si elles choisissent de ne pas avoir d'enfant, si elles ruinent leur vie ou celle de leur enfant, si elles ne sont pas en mesure de leur offrir un avenir sain et équilibré, ou encore, dans le pire des cas, que l'embryon soit issu d'un viol. Qu'importe qu'elles n'aient pas le choix ni le pouvoir sur leur propre corps... L'essentiel, c'est de ne pas les faire souffrir, les survivants...

 

6 mai 2016

Indonésie... part 2

                                IMG_8975Bienvenue au pays Toraja... Aka Tana Toraja, situé au centre de l'île de Sulawesi, aussi connue sous les nom de Célèbes, en Indonésie. Et comme son nom l'indique, il est peuplé d'un peuple appelé les Toraja, aux moeurs funéraires toutes particulières.

En effet, lorsqu'une personne Toraja meurt, elle n'est pas immédiatement enterrée. Le temps d'organiser la cérémonie, de faire la cérémonie, le corps est conservé dans la maison familiale, parfois pendant plusieurs mois. Ou années. Il faut que tous les enfants de la famille soient réunis et d'accord pour enterrer le corps, ce qui, si vous êtes 8 et dispersés dans le monde entier et qu'il vous faut acheter un ou plusieurs buffles, peut prendre un certain temps. Et plus vous attendez, plus le sacrifice devra être gros. Et la fête énorme. Dans les versions traditionnelles, les familles continuaient de dormir avec le corps avant son enterrement.

Un enterrement Toraja, ça coûte cher en buffles. Et en porcs. Et donc en argent parce qu'un buffle, ça vaut un paquet de roupies. Je vais tenter d'expliquer en quelques lignes les grandes idées que j'ai pu glaner, mais qui ne forment qu'un paysage grossier de ce qu'une cérémonie comporte. J'espère que tous les Toraja qui liront ceci me pardonneront mes inexactitudes.

Quand une personne décède, son corps est donc conservé dans la maison jusqu'à ce que la cérémonie ait lieu, parfois plusieurs mois, ou années après ladite mort. L'ensemble de la communauté Toraja est mise au courant et les amis, connaissances, etc., sont invités. Et c'est là que la partie de plaisir commence. Chaque invité doit offrir à la famille qui enterre son mort un buffle ou un cochon à sacrifier lors de la cérémonie, selon son degré de parenté. Plus vous êtes proche du mort, plus vous devez faire une grosse offrande, composée de... buffles et de cochons. Ceux-ci sont présentés un à un, avec des chants, des processions, des hommages. La valeur de l'animal présenté est aussi indiqué, car il s'agit plus d'un échange. La personne qui offre l'animal pour le mort se verra à son tour gratifié par un animal de même valeur par la famille qui le reçoit. Ils sont donc en dette des animaux qu'ils reçoivent (oui, faut suivre).
Lors de la cérémonie à laquelle j'ai assisté, il y avait à vu de nez une vingtaine de buffles (symbole de prospérité), et au moins autant de cochons. La valeur du buffle se détermine de plusieurs manières : sa grosseur, la longueur de ses cornes, l'inclinaison de ses cornes, le nombre d'épis dans sa fourrure (plus il y a en, mieux c'est, ça porte bonheur). Et surtout, le buffle albinos, c'est un peu le cador des buffles, le graal... un buffle albinos, ça peut valoir dans les 500 000 000 de roupies indonésiennes, soit environ 33 000 euros. Et des poussières. Tout ça pour finir un couteau sous la gorge et en boulettes de viande. Pour un cochon, restons modestes, il faut compter 3 500 000 roupies, soit 250 euros à peu près. De taille basique le cochon. Un gros vaut évidement plus qu'un petit.
J'avoue avoir envisagé de voler un buffle histoire de rembourser mon emprunt, mais la question du stockage de la bestiole et l'idée de patauger dans la bouse ont quelque peu réfréné mes ardeurs.

Une fois que tous les animaux ont été présenté, le dernier jour, tout ce petit monde est sacrifié. La personne qui officie, et qui n'est pas la même pour tous les buffles, est celle qui a offert l'animal (ou proche). La famille ne doit pas toucher une machette, c'est tabou. J'ai cru comprendre au vue des exclamations poussées par les Toraja, qu'essuyer son outil dégoulinant de sang frais sur la fourrure de la bête agonisante constitue quelque chose de particulier. Ça envoie du geyser de sang à n'en plus finir, les buffles mettant quelques minutes à se vider. Ames sensibles s'abstenir...
La viande est ensuite repartie et distribuée selon les invités, qui repartent avec leur doggy bag du soir, de la semaine, voire du mois.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Ce n'est que le début... Les Toraja ne sont pas enterrés dans la terre. Un jour, un de leur roi s'est dit que vu le nombre de descendants qu'ils risquaient de procréer, il fallait trouver une autre solution, ou toutes les terres serviraient à abriter les morts. Ils les ont donc installé à flanc de falaise, dans les caves et les grottes. Ils sculptaient des cercueils, les ornaient de motifs d'animaux choisis par les proches du défunt, et toute la famille était enterrée au même endroit. Ils avaient aussi bien pensé la mutualisation, parce que vu la complexité des rites, si en plus, il faut se trimballer dans tout le pays, ça devient compliqué. Il y a donc des falaises remplies d'ossements et de cercueils, plus ou moins bien conservés à des hauteurs improbables. Ces cercueils sont ensuite approvisionnées en eau, café, cigarettes, de la marque préférée du mort. Sur des falaises, je rappelle.

IMG_8973

 Cercueils et bannières          

Roméo et Juliette version TorajaMoyenne

 

  IMG_8972

Les sépultures sont alors gardées par des effigies, appelées tau tau, représentant le mort. Mais attention, il ne s'agit pas seulement de sculpter l'effigie. Pour mettre un tau tau, il faut sacrifier 24 buffles, dont 4 avec des cornes pointant dans des directions différentes. En bas, en haut, droites et une en bas une en haut. J'ai désespérément cherché un buffle aux cornes allant dans des directions opposées au marché, sans succès.

Et une fois tous les 5 ans, il faut sortir le mort de sa grotte, pour lui changer ses vêtements... Ou une fois par an, selon les versions. A ma connaissance, pas de sacrifice pour le changement de vêtements, mais on n'est jamais sûr de rien... On peut aussi sortir le mort de sa tombe pour le présenter à la famille. Si vous avez un ancêtre que vous souhaitez honorer, un petit sacrifice de cochon, plus si vous l'estimez beaucoup, et vous pourrez ainsi faire connaissance.

Ce petit descriptif n'est valable que pour les adultes. Les bébés (comprendre ceux qui n'ont pas encore de dents), sont eux enarbrés (petit néologisme sur le fait d'être enterré dans un arbre). Seuls les membres mâles de la famille sont autorisés à enarbrer l'enfant, et ce doit être fait tout de suite, sinon il faut sacrifier un cochon. Ainsi, les enfants continuent de grandir avec l'arbre...

Tombes d'enfant

Par contre, pour les mariages, pas de sacrifice, c'est tabou...

J'oublie plein de choses, notamment le système de castes qui existe ici, des tas de trucs que je n'ai pas compris, mais vous avez les grandes lignes...
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poster en commentaire, j'essaierai d'y répondre....

 

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29 avril 2016

Indonésie... part 1

Et me voilà partie pour l'Indonésie. Au début, je me suis dit que bon, vous raconter mes vacances n'avait que peu d'intérêt mais ça c'était avant. Avant que je ne voyage via la Saudi Airlines. Via Rhyad. Via l'Arabie Saoudite, qui, avec son humanisme, son respect des droits de la femme et de l'homme, son goût pour les sentences pas du tout exagérée, pour la protection de la liberté de penser et de parole et enfin bon, vous avez compris le principe, ça craint, comme pays. Et notamment parce que je suis une femme. Mais comme je suis facilement corruptible et que c'était le billet d'avion le moins cher, j'ai donné mes euros à l'Arabie saoudite. Et croyez le ou non, rien que pour l'expérience ça vaut le coup... et le coût (ohohoh, blague blague).
J'avoue que je ne faisais pas la maligne. A Paris, tout se passe bien. Je prends l'avion tranquillement, passe les contrôles, le personnel est adorable et me fais passer en priorité... Je vous l'ai dit, je suis facilement corruptible...
Et dans l'avion, la grosse rrigolade commence. Déjà, les hôtesses sont voilées. En bleu, avec du maquillage, mais voilees tout de même. Il n'y a pas de Stewart à l'horizon. .. Je m'installe et partage ma rangée avec une gentille fille, qui doit avoir la vingtaine, dont la soeur/l'amie est juste devant. Cheveux au vent, maquillage leeeegèrement outrancier mais qui n'a pas fait d'erreur de jeunesse, petit haut transparent, et une légère tendance à prendre des selfies. Beaucoup de selfies.
Nous nous installons donc et les consignes de sécurité sont données. Avant, bien sûr, la prière. Oui parce qu'avant de prendre l'avion on prie pour que Mohammed son nom soit béni nous accompagne pour un voyage léger et sans ennui... Mon arabe étant jn peu rouillé, j'ai séché la prière...
Comme le trajet est long, je me branche sur un film. Philippin tiens, c'est pas tous les jours que l'on a la chance de voir un film philippin. Et bien heureusement qu'ils ne s'embrassent pas chez les Philippins quand ils sont amoureux. Je n'ose imaginer ce que la censure aurait fait. Lors que les femmes portent des tenues un peu courtes, attention pas décolletées, un peu courte. Des shorts ou des jupes arrivant au dessus du genou par exemple, c'est flouté. Idem pour les dialogues un peu trop osés. Quand ça parle de jeu d'argent, flouté, amour, flouté, homosexualité, flouté... Par exemple: es tu lesbienne? Le mot disparaît. Tu vois qu'il y a un mot, mais il faut deviner lequel...
Le trajet donc se poursuit, et nous arrivons... et les compagnes de sortir leur robe noire, de l'attacher pour se transformer en parfaite petite saoudienne. C'est un peu comme une robe de chambre en fait... ça s'attache sur le devant et ensuite, il y a le voile. Rapide, efficace... Pendant qu'elles s'activent, je jette un regard au hublot. Il y a des routes à n'en plus finir. Bon ok, quasiment personne ne roule dessus, mais au cas où, elle sont la. Avec des ronds points au milieu du désert, parfois des échangeurs... et pas de voiture. Au milieu du désert. J'aurais un peu tendance à appeler ça du gâchis, mais j'avoue, je ne suis pas spécialiste en voirie...
Nous descendons alors de l'avion. Je transite par là - bas mais le chemin n'est pas super bien indiqué. Je me retrouve donc, après avoir longé une magnifique fontaine avec plein de couleurs qui sert aussi à prier, devant les files pour les visas. Une colonne d'hommes, prioritaires et ensuite les femmes... Ouaip. Je sais que je ne devrais pas être surprise, mais quand même... Un homme me voit perdue et m'indique le bon chemin. Je fais donc la queue pour transiter, et on m'envoie direct me faire fouiller dans la salle des femmes, où l'une d'entre elle, avec son traditionnel voile noir, passe négligemment le bip bip pour vérifier que je ne fasse pas passer illégalement des armes, une bombe, un ciseau à ongle, de la drogue, ou encore du porc et une bible (rayer la mention inutile)...
Et ensuite, j'attends le prochain vol. Il y a des tas de couples, toujours une homme en bermuda, une femme voilée intégralement parfois des enfants. Mais il n'y a que rarement deux femmes seules ensemble... et la j'attends, j'attends, j'attends. .. c'est long, je me sens un peu mal à l'aise avec tous ces voiles et ses shorts... et nouveau vol, et rebelote. Prière, censure, voile...
Arrivée à Jakarta, je fais la queue pour mon visa, au milieu d'une vingtaine de saoudiens. Ils me passent devant sans arrêt, font comme si je n'étais pas là, n'existais pas... je finis par passer, sans trop la ramener, mais trop tard. J'ai raté mon avion suivant...
Ce fut une sacrée expérience. C'est pour moi une des pires sociétés du monde et je confirme, apres expérience, que c'est pas la grosse grosse éclate...
Mais je suis arrivée entière à Makassar, et pour le moment, je n'ai fait que passer la soirée avec le premier ministre local et quelques pop stars...
Allez, à bientôt! !!

Ps: j'espère que vous me pardonnerez les erreurs de frappe qui doivent être nombreuses, c'est moins évident sur un téléphone, mais je ne pouvais pas me retenir...

26 avril 2016

Pause vacances!

Hello tout le monde, petit message. Je pars visiter une partie du monde, exotique à souhait, mais sans mon ordinateur. Arriverai-je à mettre à jour ce blog, de quelque billet bien senti? Ou peut-être quelques péripéties... Je ne sais pas ;)

Wait and see!

 

12 avril 2016

Tous debouts

Il y a 12 jours, car nous en sommes en ce jour de rédaction à la 12 édition, est né le mouvement des Nuits debouts. Suite à la manifestation anti-loi travail proposée par El Khomry, des personnes, principalement jeunes, ont décidé de rester debouts, éveillés sur une place parisienne. D'où son nom, qui ne brille pas par son double sens, mais à l'immense mérite de dire l'essentiel. Durant ces nuits, on parle, on débat, on refait le monde, on fait des propositions d'amélioration de la société, pour essayer de replacer l'humain dans un débat politique qui a une légère tendant à oublier que derrière des lois et des chiffres,... il y a des Hommes.. Vous l'avez compris, cette manifestation est particulièrement chère à mon coeur. D'autant plus qu'elle n'est pas l'initiative d'un parti, ou d'un syndicat, mais bien d'acteurs isolés, qui en ont lééégèèèrement assez d'être pris pour des pigeons. Voir article précédent.

Alors, bien sûr, tout le monde y va de son commentaire. Mais celui qui m'a fait dressé les cheveux sur la tête, c'est celui de Valérie Pécresse dans l'émission C Politique sur France 5. Qui rale parce qu'il y a des dégradations dans certains lycées et collèges et que ça va lui coûter des sous sous à Valérie, de les remettre en état. Alors, pour commencer, non, on ne casse pas les écoles, on ne brûle pas les poubelles, on n'attaque pas non plus les banques, on n'est pas en train de récupérer des sous du Panama pour réparer les poubelles, merci! 

Bien sûr, Valérie ne saurait tolérer aucune violence, car la violence, c'est pas bien. D'ailleurs, elle va porter plainte Valérie. Parce que bon c'est vraiment pas bien. Hop, tapotage sur les doigts! Oh là non, c'est violent ça... Alors j'ai fait un test: si je tape dans mon moteur de recherche "violence policière, Pécresse", je tombe sur quoi? Rien sur la page 1 de mon ami Google, rien sur la page 2, rien non plus sur la 3... Quoi? Pas une réaction disant que "la violence c'est pas bien" quand 4 policiers tapent à la matraque sur un jeune de 15 ans à terre? Alors c'est que ça ne doit pas être de la violence. (je dois avouer que je ne suis pas allée plus loin, je n'ai pas fouillé donc, peut être que la suite sera de pure mauvaise foi. Sorry Valérie si c'est le cas).

Alors je cherche dans mon dictionnaire Larousse. fr, génération Y oblige :

Violence : nf. Caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, brutale et souvent destructrice.
Mais peut-être que dans le dictionnaire de Valérie, c'est écrit :
Violence : nf. Caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, brutale et souvent destructrice. Prétexte pour gueuler sur ces jeunes qui ne respectent rien et profitent de leur crise d'ado pour détruire les poubelles. C'est violent, ça coûte 500 000€. Alors que quand la police castagne, c'est qu'elle a dû être provoquée, et finalement la facture d'hôpital est moins élevée et ce n'est pas elle qui va la payer... Satanées hormones de ces jeunes sécheurs acnéiques...
Peut-être est-ce la définition originelle du Larousse, mais comme c'était un peu long, ils ont pris la décision radicale de raccourcir. Plus assez d'encre peut-être...
Donc, il faut "condamner" cette violence... Condamnons, condamnons. Mais une question pour Valérie: comment qualifierait-elle la proposition de loi travail et la politique qui court depuis quelques années, du quinquenat de Nicolas Sarkozy (dont elle a été ministre), de ses discours qui fustigent, qui accusent, qui mettent sur la touche des milliers de personnes, qui ont pour point commun souvent, d'être pauvres (les profiteurs assistés), africains (pas rentrés dans l'histoire), de gauche (faibles socialo bobos gauchos), etc. J'ai une petite idée d'un mot, qui commence par la lettre v...
Mais comme Valérie a bon coeur, Valérie est inquiète aussi, pour ces pauvres gens. Non, Valérie ne croit pas qu'ils vont attraper un rhume à rester debout toute la nuit dans le froid et sous la pluie au nom de leurs convictions. Non, Valérie, elle pense aux terroristes. Ce sont vraiment des irresponsables ces gens de Nuit debout à manifester alors que nous sommes en plein plan Vigipirate. Je cite
"Je suis pour la liberté et la démocratie mais aujourd'hui on est en risque Vigipirate rouge (...)". Alors là, je rigole. Non mais vraiment: je suis pour la liberté et la démocratie MAIS. Alors en fait non, cette phrase est juste d'une absurdité totale. liberté = pas de mais. Qui n'est pas sans rappeler le cher : Je ne suis pas racistes MAIS. J'aime le saucisson MAIS... Et la suite est à l'avenant. Je vous préviens que si vous souhaitez garder quelques neurones, il faut arrêter tout de suite votre lecture ici : "Si des Nuit Debout arrivent dans les transports et qu'un terroriste se mêle au mouvement, qu'est-ce qui va se passer, comment est-ce qu'on peut gérer ça?" Les bras m'en tombent... Ce qu'il va se passer? Il va faire exploser tous ces manifestants gaucho a priori, dans de la violence. Oui oui. Et ce sera très moche. Mais la même scène risque de se reproduire si un terrorriste se mêle au terrible gang des tricoteurs du métro. Ou celui des passants dans la rue qui prennent le métro pour aller d'un point A à un point B. Ou encore celui des Ouhlala je suis en retard, vite, vite prenons le métro. Donc rapprocher les deux, et prendre le plan vigipirate comme prétexte pour interdire une manifestation contre une loi nationale qui va abimer les conditions de travail de millions de personnes, mais que nous nous doutons Valérie, tu soutiens, c'est d'une absurdité sans nom. C'est populiste, c'est jouer avec les peurs des gens, c'est briser un mouvement qui prend forme. C'est assimiler deux choses qui n'ont rien à voir. C'est nous empêcher de vivre et de nous battre pour ce en quoi nous croyons et pour un futur que nous ne voulons pas. Et moi, ça, Valérie, ça me parait un peu v......
PS: je reprécise que je ne cautionne aucunement les violences et les casseurs...
Sources :
RTL.com; France 5.com
5 avril 2016

Les petits papiers du Panama

J'ai longuement hésité avant de m'attaquer à un article sur le Panama Papers. Je me vois mal me lancer dans une franche tirade sur les comptes off-shore, les avantages de sociétés-écrans et autres paradis fiscaux, pour la simple raison que n'y connaissant rien, je risque d'écrire bien plus de bêtises que de choses correctes. J'aimerais parfois ne pas être la seule à partager ce point de vue, et que nos politiques comprennent que parler sans arrêt de choses qu'on ne connait pas, à part de simples éléments de langage, les fait passer pour des pipes. Et par conséquent les décridibilise, et par conséquent, nuit à l'ensemble de la démocratie en confortant le bon peuple que nous sommes que des incompétents nous dirigent, entrainant donc une certaine défiance. Non? Non, ok, je remballe mes idées.

Marc Serarols - panama city

Mais si nous ne parlions que des idées, de l'ignorance et de la mauvaise foi... Mais non, hop, un petit scandale de fraude fiscale à l'échelle planétaire. Quand on regarde les noms (chose que je n'ai pas faite, il y en a bien trop et je ne souffre pas d'insomnie, je me suis contentée des extraits du Monde), nous trouvons donc des dirigeants, des fortunes mondiales (49 sur les 500 plus grandes), des personnalités qui juraient souvent leur grand Dieu que Non, ils étaient d'une honnêteté à toute épreuve et que si les autres, eux, étaient de vils profiteurs, certes non, eux étaient innocents... Qu'une légende du foot s'avance!

Pour la simple France, on parle de 14 milliards d'euros par an. De quoi rembourser le trou de la sécu, et même se garder un petit milliard sous le coude (13 milliards pour 2015). 14 milliards, qui ne sont cachés que par des gens dont la richesse est déjà tellement inconcevable qu'on se demande où ils peuvent bien les mettre et ce qu'ils peuvent bien en faire. Quand on en est à son 18e yatch, son 35e jet privé, sa 218e maison de vacances, et 2018 personnes à son service pour faire le ménage, la cuisine, cirer ses chaussures au sens propre comme au figuré, que peut-on bien faire de tant d'argent? Ca se voit, quelques millions d'impôts en plus ou en moins quand on est millionnaire/milliardaire? Donc, que l'on m'explique, ça change quoi pour eux? Oui, parce que sans vouloir faire de fausses généralités, je me doute que Mamie Huguette qui a travaillé toute sa vie à un poste lambda, on ne lui propose pas de planquer ses 1500 euros de retraite dans un paradis fiscal, mais plutôt ce bon vieux livret A à 1%... 

Et dans le même temps, nous avons en face de nous des dirigeants qui trouvent que notre force de travail leur coûte encore trop cher, et que ce serait mieux de pouvoir nous faire bosser plus, pour gagner moins. 

Et puis, on nous dit aussi que l'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, que les réfugiés, bon, ils sont sympas, c'est pas qu'on veut pas, mais on peut pas quoi, ils sont pauvres et syriens, et on leur spolie leurs biens quand ils pensent arriver dans un pays où ils seront saufs, on les laisse patauger dans la boue, parce qu'on n'a pas d'argent... Normal qu'on n'en ait pas, il est au Panama...

Sources : Le Monde.fr; AFP, France Info.fr

27 mars 2016

Pâques sur la Croix

 

Ruro (flickr)En ce jour de Pâques, entre la digestion de lapins, d'oeufs en chocolat ou d'agneaux sacrifiés sur l'autel de la tradition, rendons-nous aux Philippines. Car les Philippins ont une manière bien à eux de célébrer la résurrection de Jésus-Christ. Dans ce pays majoritairement chrétien et catholique suite à la conquête de l'archipel par les espagnols au 16e siècle, une manifestation bien particulière a vu le jour le vendredi saint. Des volontaires rejouent la scène de crucifixion (ou crucifiement, Larousse dit que cela existe aussi), de Jésus, soldats romains et suppliciés inclus, devant des milliers de touristes attirés par ces personnes qui se flagellent, parfois jusqu'au sang, avant de se faire planter des clous dans les pieds et les mains et de finir suspendus sur une croix de bois. En 2016. Merci l'évolution et le recul. L'avantage du monde moderne, c'est qu'en cas de retard à la cérémonie, ou si vous êtes un peu petit, des écrans géants sont installés pour une retransmission.

Inspectons de plus près cette étrange coutume. Il s'agirait, pour certains Philippins, une manière de rendre hommage à Jésus et de le remercier de ses bienfaits. Je tiens à préciser que l'Eglise philippine ne cautionne pas ces actes de contrition, car cette semaine devrait être concentrée sur Jésus, par sur ceux qui l'imitent. Comment donc, cela se passe-t-il? Un vieil homme a choisi ce biais pour remercier Dieu de l'avoir sorti de sa dépression. Je pensais qu'un Pater Noster aurait été suffisant, mais non. Les suppliciés, tous volontaires, se déguisent, costumes d'époques, couronne d'épines (pas trop trop pointues), romains casqués, simples pagnes pour cacher leur virilité. Ils peuvent aussi faire des voeux, et considèrent cet acte comme un moyen de demander à Dieu d'accéder à leurs prières. Une fois cloués sur la croix - ils sont vraiment cloués- ils  passent quelques minutes sur la croix seulement (après 10 minutes, ils peuvent mourrir par suffocation), et sont ensuite descendus avant de se rendre à la tente médicale qui les remet sur pied pour qu'ils puissent retourner travailler deux jours plus tard. D'autres encore se flagellent, se frappant jusqu'à ce que des gouttes de sang volettent sur la foule environnante. 

Côté volontaires, voilà le topo. Maintenant, qu'advient-il du cloueur sur la croix? Ca doit être un peu étrange comme occupation du dimanche non? "Tu fais quoi la semaine prochaine? - Oh moi, je suis de corvée de cloutage. Encore les pénitents qui veulent terminer sur une croix... "

(c) Ruro Flickr

Là où ça devient particulièrement intéressant, c'est que cette cérémonie qui en soi vaut ce qu'elle vaut, attire des touristes. Nombreux. Et qui dit touriste, dit argent. Des panneaux publicitaires ont donc fleuri. Ici, une marque d'opérateur télécom (sûrement pour une meilleur connexion avec Dieu), là, pour un fast-food (pour rejoindre Dieu plus vite des suites d'un cancer), ou encore une chaîne d'hotel local. De petites échoppes ont poussé comme des champignons, pour vendre des boissons rafaichissantes ou se restaurer, histoire de suivre les crucifixions sans risquer de tomber d'inanition.

Avec 30000 visiteurs par an, cette manifestation particulière a donc attiré tout un tas d'opérateurs privés. Pour installer des toilettes portatives, des sacs à vomi, ou même retransmettre en direct les cérémonies sur Internet pour ne rien rater. On ne sait pas si un replay est prévu. Cette année, le Wi-fi a même été installé, ce qui permet de poster en direct ses selfies pris avec un Jésus supplicié. Ouais.

Sources; AFP, Wikipédia, L'express.fr; l'Obs.com; la Nouvelle République.

 

 

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