8 mars - Journée des fleurs, des enfants et du rose...

Cette journée, comme chaque année, nous sommes donc abreuvés d'initiative et de témoignages célébrant La femme. Parce que de femmes, tout d'abord, il faut savoir qu'il n'en existe qu'un seul type. Comme il n'y a qu'un seul type d'homme, c'est évident. Vous vous trouvez plus de points communs avec un caribou canadien qu'avec votre voisin? Vous avez tort, vous êtes un tout unique. Tout pareil. 

On va donc commencer par une mise au point technique: le 8 mars est la Journée Internationale des droits des femmes. Avec le mot Droits dedans. On évite donc les allusions marketing graveleuses avec -20% sur les tampons hygiéniques, la parfumerie (pour sentir bon comme une femme), ou le petit électro-beauté, pour les lisseurs ou les bouclettes, car nous les filles ne sortons jamais sans brushing. Le tout sous le nom de "le petit sac rose". Quand la masse de clichés se pose là.

On peut aussi s'épargner les manifestations et programmations douteuses, comme Jean-Marie Bigard, qui, en s'affublant d'un décolleté plongeant et d'une jupe de secrétaire de mauvais porno, croit représenter une femme. Car nous, les femmes, sortons toujours avec un décolleté montrant la moitié de notre poitrine, ça permet d'éviter les regards louches et les réflexions déplacées. Et on peut aussi oublier rapidement ces députés qui, en signe de solidarité (notez le mot...), se sont mis du rouge à lèvres. Qui, c'est bien connu, est notre meilleur ami, que nous mettons dans sa petite pochette rose, que nous mettons à son tour dans notre grand sac à main qui tient plus du fourre-tout car nous les femmes, ne sommes pas organisées, nous avons ce petit grain de folie qui nous sied tellement bien.

Et c'est pourtant tout ce que à quoi nous avons eu droit. Des enfilades de clichés par centaines, par milliers, des femmes qui viennent parler d'un sujet parce que ce sont des femmes, et que le temps d'une journée, on les dépoussière, sort du placard, et on oublie tout ce qu'elles accomplissent au jour le jour. Non pas en tant que femme, mais en tant qu'être humain, tout simplement. Je rêve d'un jour où l'on ne précisera plus : la première femme, et où le genre féminin ne sera plus l'exception que l'on met en avant, tellement c''est merveilleux ce qu'elles ont fait alors que ce sont... des femmes. Et avec les hormones et tout ça, c'est pas facile facile.

Mais malheureusement, cette journée à encore son utilité, car nous sommes encore loin d'une égalité de droit dans le monde, et encore moins dans les faits. Ainsi, le Japon s'est réjoui d'avoir laissé une femme se remarier en cas de divorce après seulement 100 jours, contre 0 pour les hommes (et encore, si elle n'est pas enceinte, la vile gourgandine qui se vautrerait dans la luxure hors des liens sacrés du mariage). Quel coup d'éclat! et oui, on progresse, mais ça n'est pas encore ça...

Pour vous donner un petit exemple des obstacles à surmonter quand on nait fille et que l'on devient femme, je ne ferai pas mieux que cette vidéo. Mais si en plus de devoir affronter la violence sous toutes ses formes, on pouvait nous épargner les remarques sexistes en cette journée, entre les logos des entreprises mis en rose (parce que c'est tellement girly), les remerciements aux 547 employées féminines (on parle poste et salaire ?), les références aux femmes sous l'unique prisme de leur maternité, et tout ça, juste pour une journée, ça nous ferait des vacances. Car, comme l'a dit si bien Chimamanda Ngozi Adachie, une écrivaine nigérianne, dans l'émission Boomerang d'Augustin Trapenard sur France Inter ce matin, être féministe, c'est aussi une façon de vivre, où la frontière de considération et d'attente entre l'homme et la femme, le garçon et la fille, est abolie... Ce serait tellement merveilleux...

L'émission de France Inter que je vous invite à réécouter : c'est ici.

Sources: le monde.fr; France Inter; Twitter, lexpress.fr.