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CLACs
25 février 2016

Combattant VS Tueur

gaziantep

Aujourd'hui, on va parler Académie. Pas Académie des mathématiques, ou Académie des oscars ou encore Académie française, non, on va parler d'une Académie très spéciale qui a vu le jour en Turquie à Gaziantep (voir photo ci-contre), renommée pour ses pistaches, ses baklavas, son lahmacun et ses kebap. Son but? Apprendre aux combattants syriens les lois de la guerre basées sur les conventions de Genève (à retrouver ICI), qui fixent les règles en temps de conflits armés et de guerre. En gros, tuer oui, mais pas n'importe comment. Le viol c'est pas bien, la torture, c'est pas extra, merci aussi d'éviter aussi les exécutions sommaires, ça fait moyen dans le CV. On prend donc un tueur, vil maraud prêt à tout et on le transforme en combattant, qui lui est bourré d'honneur comme une dinde à Noël.

A la base de cette initiative, une personne et une idée. Commençons par la personne, c'est elle qui a eu l'idée: Oussama Choubargi, opposant politique au régime de Bachar Al Assad depuis 2002, pacifiste convaincu, pharmacien de son état, et ex-taulard (dans les geôles du régime de Damas, ça ne veut pas dire grand chose, il aurait pu voler un Kinder au Casino du coin détenu par le cousin de Bachar, qui, par soif de vengeance, l'aurait envoyé voir dans les caves sombres et tortueuses s'il y était lui-même, ou pire, avoir osé dire que Bachar, il n'était pas très gentil,...). En luttant contre le régime et voyant apparaitre les premières luttes armées, il s'est aperçu que les combattants, au début très respectueux, aidant les petites vieilles à traverser les rues sur les passages cloutés en évitant les balles, devenaient au fur et à mesure de l'augmentation de l'âpreté des combats de plus en plus enclins à violer ces mêmes petites vieilles, trahissant alors les valeurs même de leur révolution. Il est malheureusement bien connu que se faire exploser, être torturé, perdre un membre, voir ses proches mourir ou emprisonnés de manière arbitraire amène généralement une forte envie chez l'Homme de faire la même chose à son prochain. 

Alors, ces stages, comment ça se passe?

Pour faire simple, les combattants-tueurs sont choisis (j'avoue ne pas savoir comment) parmi les groupes de combattants armés "ne figurant pas sur la liste noire américaine des formations considérées comme terroristes", ce qui exclue d'office l'Etat islamique et autres joyeux lurons du Front Al-Nosra (proche d'Al-Qaïda (voir ICI). Les programmes sont adaptés à la culture syrienne, accordant une place importante à l'Islam, notamment en s'appuyant sur les versets du Coran qui interdisent actes de violence gratuite, tortures et exactions, et sont dispensés par d'anciens révolutionnaires, souvent passés par la case prison également.

Les personnes bénéficiant de ces programmes n'appartiennent pas forcément aux mêmes groupes armés. Voire au même camp. On retrouve donc en train de partager une saucisse barbecue le soir, des pro et des anti Bachar Al-Assad. Ce qui permet notamment de montrer à l'autre d'en face que 2 bras, 2 jambes un cerveau et un foie, ça fait bien un humain. Ce qui est fort utile de voir son prochain en tant qu'humain et non pas seulement en tant qu'ennemi, dans les projections de reconstruction de fin de guerre. Même si nous en sommes loin encore aujourd'hui, grâce aux bons soins de tout ceux à qui on n'a rien demandé mais qui se sentent obligés de larguer une bombe ou deux pour faire bon effet.

A la fin de leur stage, ils ne repartent pas les mains vides. En guise de doggy-bag, pas de grenades, d'AK-47 ou autres joyeusetés, non, un joli DVD qui dit que la guerre c'est pas bien et une brochure illustrée sur laquelle on leur rappelle que les civils, les hôpitaux et les journalistes, c'est vraiment pas hype de les tuer. Bon, les autres, c'est Ok, mais les premiers, pas touche! 

Bon, à lire ça, on peut doucement rigoler. Et, j'en rigole noirement. Mais il faut bien commencer quelque part, et pour toute personne qui a dans les idées de tuer indistinctement toute personne se présentant sur son chemin, il y en a peut être une qui fera attention. Au final, ils seront tous aussi traumatisés mais si le lot de souffrance peut être amoindri, autant tenter le coup, et croire encore en la nature humaine... 

Je terminerai par cet adage: la guerre nourrit la guerre. Et la guerre, c'est la peur viscérale, la violence, le repli sur soi, l'impossibilité de faire confiance, l'insensibilisation aux souffrances d'autrui, la déshumanisation la plus poussée... Donc merci à ceux qui sont à la base d'initiatives visant à réduire la guerre, à défaut de pouvoir faire en sorte de vivre en paix... Oui, la guerre, c'est pas cool, et on a un peu tendance à l'oublier quand ce n'est pas à nous que ça arrive... 

Avec-nos-reporters-dans-la-Syrie-en-guerreSources: AFP; l'orientlejour.com, Wikipédia, leFigaro, Paris Match (photo ci-dessus, choisie exprès sans mort)

 

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Commentaires
C
Et plein d'autres aussi :)...<br /> <br /> A la base, ils s'ingénient à faire autre chose souvent transformé en armes...
P
oui, c'est bien beau tout ça, mais si nos ingénieurs" s'ingénient " à faire de belles armes bien efficaces et que l'on ne peut même pas s'en servir , cela sert à quoi cette énergie grise dépensée. <br /> <br /> Quel est l'inconscient qui penserait qu'ils pourraient faire quelque chose de plus utile de leurs têtes bien faites, ou presque..<br /> <br /> <br /> <br /> Peut être moi !!!!!!!!!!!!! et certainement bien d'autre, je l'espère.
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  • Un peu de divertissement, un peu de sérieux, le tout bien mélangé... Une petite dose d'actualité, pas mal d'indignation, parfois une mise en perspective, enfin, c'est l'ambition... Et il faut en avoir!
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