Toilettes en Inde... ou comment devenir célèbre

Après une nuit des Oscars folle de Glamour, de tapis rouges et de robes valant l'équivalent de mon salaire annuel brut, et qui a (enfin!) sacré Léonardo Dicaprio meilleur acteur, retournons dans la fange!

Quand il s'agit de choisir une destination de voyage, il y a un certain nombres de critères sur lesquels je me penche. Les amis sur place, les lieux à visiter, la culture et le climat social d'un pays... Il va de soi qu'étant de sexe féminin, avec une prédilection pour les voyages en solo, il y a un certain nombre d'endroits du monde dans lesquels je ne vais pas aller fourrer mon nez. L'Arabie Saoudite en tête (aussi parce que je suis trop pauvre). Donc, amis, check, lieux, check, jolies choses, check... Je prépare toujours ma valise avec une anticipation royale, et l'expérience m'a appris à toujours emmener avec moi un petit rouleau de longue feuilles blanches moelleuses appelées communément PQ. Et à chaque fois, l'évidence me frappe telle un boomerang en plein dans la caboche... Comment sont les toilettes dans mon futur pays d'accueil? Une fois les billets pris et le visa obtenu, il est compliqué de faire marche arrière face aux trivialités de la vie, donc je me lance tout de même à l'aventure.

Ce long préambule légèrement scato pour en venir au sujet de cet article... Ca se passe comment dans les pays sans toilettes à forte population comme, par exemple, au choix, en Inde? La réponse : mal. Ou pas bien. Et ça se passe même tellement mal que le premier ministre Indien, Narendra Mohni, a fait de l'installation de toilettes en Inde une des priorités de son mandat. Car 600 000 000 personnes (ça fait 600 millions, le nombre de zéros est véridique) n'ont pas l'honneur d'en posséder et se soulagent donc à l'air libre, le vent sur leur derrière, créant ainsi, il faut le dire, quelques déconvenues qui feraient passer nos trottoirs canins pour immaculés.

Mais surtout, ils doivent en général parcourir quelques kilomètres avant de pouvoir se laisser aller, à pied, à moto ou en vélo, de nuit comme de jour, ce qui, on doit l'avouer, n'est pas évident, surtout quand ils sont atteints de tourista aiguë. Et que ce n'est pas sans poser quelques problèmes de santé, parfois fatals. Une femme, Lakshmi Vijay, devait ainsi parcourir 3 km pour rejoindre les fosses d'aisances. Elle a eu des complications lorsqu'elle était enceinte, a souffert plusieurs fois de la typhoïde. Elle a alors froncé les sourcils et demandé à son gentil mari de faire installer des toilettes dans leur maison, avant de convaincre ses voisines de faire de même devant l'extraordinaire avancée que cela constituait dans son quotidien, ne serait-ce qu'en temps gagné. 3km = 45 min à pied? 

Outre les coûts économiques liées à la santé, les risques d'agression et de viol à la nuit tombée, il y a aussi un autre problème qui se pose. Il se trouve que près de la moitié des écoles n'ont pas de toilettes pour filles, ce qui les décourage pour aller étudier. Il faut avouer que se retenir pendant des heures sur un banc d'école est le meilleur moyen de finir traumatisé et de ne pas vouloir y aller. Idem, les femmes doivent, dans certaines régions, payer pour aller aux toilettes publiques, alors que les hommes peuvent y aller gratuitement.

Mais avec 18 milliards d'euros prévus pour constuire 130 millions de toilettes, ils auront de quoi améliorer grandement l'accès aux lieux d'aisance. 50 000 personnes seront engagées pour éduquer les gens des villages (baisse du chômage), qui ne voient pas forcément d'un très bon oeil l'installation de ces objets du diable près de leur maison. En effet, il faut savoir que selon la tradition hindoue, il est impur de se soulager près de son lieu d'habitation. Les personnes âgées surtout sont assez réfractaires quant à la possibilité de ne plus pouvoir batifoler dans les champs pour les rendres plus fertiles. Ce qui rend l'exemple d'une femme de 104 ans Kunwar Bai, assez remarquable. Elle a non seulement installé et fait installer des toilettes dans son village reculé, mais a reçu la visite du premier ministre, qui lui a touché les pieds en signe de respect, pour son action en termes de lutte pour un meilleur accès aux sanitaires. 

L'histoire des toilettes en Inde ne dit pas s'ils les préfèrent à la Turque ou pas!

Sources: france Info.com, france Inter.com; bbc.com; madamefigaro.fr